Accueil A la une Médicaments en Tunisie : un coût multiplié par dix, quelles solutions ?

Médicaments en Tunisie : un coût multiplié par dix, quelles solutions ?

Le coût d’achat des médicaments auprès de la Pharmacie centrale de Tunisie a connu une envolée spectaculaire entre 2021 et 2024, passant de 30 à 300 millions de dinars, selon son président-directeur général, Chokri Hammouda.

Dans un entretien avec l’Agence TAP, Hammouda a souligné que cette augmentation impose des mesures urgentes pour rationaliser les dépenses, d’autant plus que 16 médicaments à eux seuls absorbent 250 millions de dinars.

Pour maîtriser ces coûts, la Pharmacie centrale mise sur une meilleure gestion des prescriptions médicales. L’objectif est d’encourager l’utilisation de médicaments moins onéreux mais équivalents en efficacité. “L’optimisation des prescriptions passe par le choix des médicaments les plus adaptés et les plus accessibles financièrement”, a expliqué Hammouda.

Il a également insisté sur l’importance de la médecine spécialisée et de la médecine génomique, qui adapte le traitement en fonction du profil génétique du patient et de sa tolérance aux médicaments. Cette approche permettrait une utilisation plus ciblée des ressources pharmaceutiques et une réduction des dépenses.

Face à une facture d’importation de médicaments atteignant 180 millions de dinars, la Pharmacie centrale envisage d’ajuster les prix des médicaments importés disposant d’un équivalent produit localement. Selon Hammouda, un premier levier d’action pourrait être la réduction de l’écart de 30 millions de dinars entre le prix d’achat et le prix de vente de certains médicaments importés.

Toutefois, cette stratégie pourrait entraîner une hausse des prix de certains médicaments étrangers, une décision que la Pharmacie centrale justifie par la nécessité de soutenir l’industrie pharmaceutique locale et de préserver son équilibre financier.

Les résultats comptables de la Pharmacie centrale montrent une amélioration de sa situation financière. Ses revenus d’exploitation ont atteint 53 millions de dinars en 2023, contre seulement 14 millions en 2022. Cette reprise s’inscrit dans une tendance amorcée depuis 2019, bien que l’institution continue de faire face à des défis financiers majeurs.

Détenant le monopole de l’importation et jouant un rôle clé dans la régulation du marché, la Pharmacie centrale reste le principal fournisseur des hôpitaux en médicaments. Malgré un soutien financier de l’État ces dernières années, elle peine à recouvrer ses créances, qui s’élèvent à 1,26 milliard de dinars, dont 504 millions dus par les hôpitaux et 658 millions par le ministère des Affaires sociales.

Pour assurer sa pérennité financière, la Pharmacie centrale mise sur plusieurs leviers : une meilleure gestion des coûts d’achat des médicaments importés, la digitalisation des procédures et l’optimisation des prescriptions médicales. Elle entend également accélérer le recouvrement des créances auprès des hôpitaux et des caisses sociales afin de garantir son équilibre budgétaire.

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